J’aime beaucoup la formule, sans doute apocryphe, que l’on prête à François Mitterrand : « J’ai deux avocats : Robert Badinter pour le droit et Roland Dumas pour le tordu. »
Si le droit sait être clair, et en ce sens constitue un repère, son interprétation et son usage peuvent emprunter des détours surprenants. Les mêmes articles du code peuvent servir des causes opposées. Les arguments juridiques seraient en quelque sorte réversibles, comme les vestes au lendemain d’une élection.
Le droit, pourtant, dit aussi qu’il existe différents délits d’entrave : contre une une institution représentative et contre la liberté d’expression par exemple, tous les deux passibles d’une condamnation pénale. Reste à porter plainte et à prouver l’infraction en convoquant les faits et les témoignages.
Le récent article local, publié dans Ouest-France le 16 mai 2019, « Soupçons de manipulation d’étudiants à l’IUT », est pour moi l’occasion d’interroger encore et inlassablement le rapport difficile entre discours et comportement. Ce que je professe pourrait être sans rapport avec ce que je fais ? Le divorce entre les deux est si souvent admis dans certaines professions que des faits graves peuvent être présentés comme des maladresses – « Une bourde », m’a-t-on dit.
Ce décalage entre les mots et la réalité rappelle encore, avec Dewey, que la démocratie se réalise mieux dans une manière de vivre que dans des discours ou des professions de foi sans fin.
Mieux, mais aussi – d’abord.