« Je me suis peu à peu rendu compte que la principale menace que fait peser l’approche centrée sur l’apprenant est d’ordre politique. S’il envisage d’y recourir, l’enseignant est confronté à la peur de partager pouvoir et maîtrise. Comment savoir si les élèves sont dignes de confiance ? Comment s’assurer de la fiabilité d’un processus ? Il faut se risquer, et le risque fait peur.
Mais l’éducation centrée sur la personne menace aussi l’élève : la docilité, et son cortège de jérémiades, est tellement plus facile que la prise de responsabilité et le risque d’erreurs, avec leurs incontournables conséquences. En outre, rompus à l’allégeance depuis la nuit des temps, les élèves n’aspirent spontanément qu’à la prolonger. »
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Carl R. Rogers, L’Approche centrée sur la personne, Politique éducative (chap. XXII), traduction de Henry-Georges Richon, Éditions Randin, 2001.