C’est dit. L’école enseigne des choses sans intérêt, aussitôt oubliées l’examen passé. L’école sert le diplôme, pas la culture (ni les arts).

 

Les obsessionnels se rappelleront telle poésie laiteuse ou tel théorème inextricable ; d’autres se rappelleront les conjugaisons et les tables, qui accordent et qui multiplient.

 

L’école emplit la mémoire. La cruche est inépuisable. Comme le vote utile, le diplôme est un mal nécessaire. L’école nous y prépare.

 

Qui me dira pourtant où il a appris la technique vidéo qui l’occupe et le tient depuis des heures à l’idée de recoudre le patchwork de ses vacances ? Qui me dira où il a appris à recueillir l’information juridique nécessaire à la rupture de son bail locatif ? Qui me dira où il a appris à cuisiner et repasser ses chemises (c’est parfois tout un) quand sa femme (ou sa fille) (ou sa mère) (ou sa sœur) (ou sa voisine) sont en vacances ? Qui me dira où il a appris l’égalité, entre hommes et femmes par exemple ?

 

Montons d’un cran.

 

Qui me dira où il a appris à marcher avec assurance en cette vie, la tête posée sur des épaules à peu près droites ? Qui me dira où il a appris à porter assistance à l’ivrogne qui trébuche et bascule ? Qui me dira où il a appris à regarder la maladie d’un proche, la mort d’un enfant, la fin du seul amour, dans la douleur et dans l’effondrement ? Qui me dira où il a appris à ouvrir sa maison aux transhumances qu’on voit partout à la télé et nulle part chez soi ?

 

Redescendons d’autant.

 

Si l’on renonce au dressage inutile, le savoir qui ne modifie pas nos comportements a peu de chance de nous apprendre à vivre.

 

Tu me diras…