Je passais ce matin devant les murs vitrés de la BU de l’Université où j’accompagne les étudiant.es en ne faisant plus cours. Ils étaient parcourus par un ensemble d’affiches contre le harcèlement et la violence sexiste. Hommes et femmes semblaient en être les doubles cibles. L’égalité hommes/femmes trouvait sa place sur ces affiches, au risque d’un arrangement, précaire me semble-t-il, avec ce qui nous reste de réalité.

Je suis passé sans rien penser. J’ai noté la source des affiches. Et, soudainement, une évidence ! – dans la grisaille du jour… Nous subissions et réparions tant bien que mal des décennies d’apprentissage de la docilité et du contrôle des vessies !

– Puis-je aller aux toilettes ?

Quel.le enseignant.e n’a jamais entendu, comme une autre évidence, cette demande dans ses cours (je ne fais plus cours) ? Quel.le enseignant.e n’a jamais répondu, dans l’évidence de sa pratique, par l’affirmative (« Tu peux y aller ») ? La négative n’est pas moins impensable (« Tu n’avais qu’à prévoir ») ! Les deux signalent le même problème et, pour le dire clairement, le même refus de l’autre et de sa liberté la plus inaliénable : user du droit d’aller pisser.

Après des décennies d’infantilisation des corps, nous commençons à entrevoir – sans parvenir encore à la comprendre vraiment – la vérité boomerang qui nous revient à la figure. De part et d’autre de la violence sexiste, le harcèlement pourrait bien être la conséquence de notre enseignement à la docilité. Obéis à tes maîtres (même quand l’envie te prend d’aller pisser) !

Après nous avoir appris à faire des autres les juges de nos envies, le contrôle des vessies aurait conduit au harcèlement des sexes et des esprits ?

La question est posée. L’avenir me semble plus fluide.

Le contrôle des vessies

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