Contrairement aux apparences et aux erreurs de parallaxe de certains regards incrédules, l’apprentissage centré sur les étudiant.es, que je mets en place dans les TD d’expression communication que j’assure, est en conformité la plus stricte avec le mouvement de réforme et de refonte des modalités d’enseignement en France et en Europe, initié par les accords de Bologne, en 1998. Me voici donc en plein conformisme révolutionnaire !

Le document très officiel, Soutenir la transformation pédagogique dans l’enseignement supérieur, de la Direction générale pour l’enseignement supérieur et l’insertion professionnelle (2014), fait le bilan des freins à l’œuvre dans les établissements universitaires français.  Il rappelle, ce faisant, les principes généraux qui permettent de passer d’une logique d’enseignement à une logique d’apprentissage, invitant notamment les enseignant.es :

  • à « rompre avec le modèle transmissif (prof, cours, horaires) au profit d’un modèle d’apprentissage centré sur l’étudiant » (p. 6-7) ;
  • à considérer « les apprenants comme des individus avec une histoire, des expériences, des styles d’apprentissage et des besoins particuliers » (p. 7) ;
  • à comprendre que « le mode de calcul (1 heure de cours = 1 heure de préparation + une heure d’évaluation) n’est plus en phase avec des pratiques pédagogiques centrées sur l’étudiant » (p. 9-10) ;
  • à comptabiliser « les nouvelles activités participant de la tâche d’enseignement (tutorat, accompagnement méthodologique, production de ressources numériques, interventions à distance » (p. 10) ;
  • à voir que « l’absence de soutien institutionnel, tant au niveau local que  national, est un facteur important de blocage » (p. 10) ;
  • à accepter aussi qu’il ne saurait il y avoir « d’approche dogmatique » mais des pluralités nécessaires (p. 11).

Les dénominations renvoient explicitement à l’Approche Centrée sur la Personne et aux déclinaisons multiples explorées par Carl Rogers au cœur du siècle 20.

Avance ou retard, ni les conformismes ni les révolutions ne brideront, briseront les explorateurs.

Vingt ans d’avance et… de retard