IL TIENT À LA FOIS de la serviette hygiénique, du bonnet uni-sein et de la muselière pour chien d’attaque ou dangereux réfractaire. Il a aussi des airs d’emplâtre, de string retourné et de parapente. Bientôt le masque filtre à café. L’invention n’arrête pas le progrès viral.
C’est donc un masque de carnaval, dit « grand public » que nous devrons nous plaquer sur le nez en guise de protection. Il aura ses tendances et ses occasions selon les heures de la journée : masque de sport ou de soirée, masque amoureux et masque de plongée, masque de fulminations pour vos défaites solitaires, masque mortuaire pour vos dernières pensées.
Dans tous les cas, c’est un masque sans certification, moins efficace qu’un masque chirurgical, mais aussi amusant qu’une moustache postiche ou un bandeau de pirate pour faire ses courses dans un supermarché.
Les certifications exigées pour la vente de traitements, qui marchent et qui ne marchent pas, ne sont plus nécessaires dès qu’il s’agit de protéger les gens. C’est inutile et ne fait pas de mal !
C’est l’un des nouveaux épisodes de cette imposture paradoxale qui encourage l’esprit de franche camaraderie dans les débats publics et les consultations électorales.
Quelle qu’en soit la forme ou l’efficacité, le masque grand public est le signe de notre soumission.
« Bonheur suisse. Dans les pharmacies de ce pays, non seulement on peut acheter les Alka-Seltzer à l’unité mais en plus, l’aimable pharmacienne vous offre un gobelet de plastique pour pouvoir boire cette boisson effervescente sur place, comme si on était au comptoir d’un bar. »
Patrick Corneau, Un souvenir qui s’ignore, Éditions Conférence, 2020, p. 32