Je faisais aujourd’hui le compte des dangers dont j’entends dire qu’ils nous menacent. Ils augmentent chaque année.
Je ne parle pas des dangers que chacun.e connaît bien pour les avoir côtoyés de manière récurrente, en France et dans le monde, chaque année :
le tabagisme et ses victimes (73000 | 7 000 000), l’alcoolisme et ses addictions (45000 | 3 000 000), le viol des enfants et des femmes (75000 | 15 000 000), le suicide de gens sans solution (10 000 | 800 000), les accidents de la route (4000 | 1 350 000),
Je ne parle pas non plus des 60 000 000 de gens qui meurent chaque année.
Je n’en parle pas. Les statistiques sans réalité tangible ont du mal à se faire entendre. Difficile d’anticiper l’avenir de si loin. Face à un mort réel, ou mieux, à une image de ce mort, je peux pleurer, m’émouvoir, rêver même. Face à une statistique, je reste sans voix (presque sans idée).
Non, je pensais aujourd’hui aux fléaux qui envahissent mon quotidien et donnent lieu à des recommandations insistantes visant à m’en protéger : descendre d’un train en marche, boire trois verres en soirée, laisser mon chien crotter sur un trottoir, ne pas me faire vacciner, oublier d’étiqueter mes bagages, manger des frites tous les jours, oublier la distanciation sociale, ne pas faire 10 000 pas par jour, manger 2 légumes et non 5, être indifférent aux colis suspects et, d’une manière plus générale, je pensais à tous les dangers immédiats, clairement identifiés par les autorités responsables des politiques successives de santé et de sécurité publiques.
Je me suis même surpris à me demander, au risque d’un effort inutile, si le danger qui me menace était en même temps la menace d’un danger. J’ai vite écarté cette option qui dépassait d’un coup ma capacité de réflexion. Face à l’état d’urgence, je me suis dit que le plus simple était d’étiqueter mon bagage et de me moucher avec mon nez.